Basilique Sainte-Marie au Trastevere
Pière du jour du décès du pape François
Matthieu 28, 1-8
Chers frères et sœurs
Il y eut un grand tremblement de terre, et les femmes, attristées, stupéfaites, qui étaient allées visiter le tombeau du crucifié, virent un ange assis sur une pierre, qui avait l’aspect de l’éclair et dont le vêtement était blanc comme neige.
Tôt ce matin, en ce lundi de Pâques, en pleine lumière de la Résurrection, notre pape François est décédé, après une longue maladie. Hier, avec un immense effort, il avait voulu saluer les fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, en passant au milieu d'eux. Puis il était monté à la loggia de la basilique, pour bénir - avec un filet de voix - Urbi et Orbi (selon la formule latine, la Ville, c'est-à-dire Rome, et le Monde). Sa dernière bénédiction aura été une bénédiction pascale. Il avait rassemblé ses dernières forces pour mourir au milieu du peuple, comme il avait toujours vécu. Un geste qui manifeste une fidélité qui va jusqu'au bout.
Dans le livre de l'Apocalypse, chaque Église a un ange. Aujourd'hui, l'ange de l'Église de Rome, le pape François, nous dit, à nous qui avons peur, comme ces femmes, incertaines de l'avenir de l'Église et du monde : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié ». La mort du pape, qui nous a accompagnés et guidés depuis 2013, nous fait peur car le monde n'est pas dans une situation facile. L'avenir ne semble pas clair. Mais il répète : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié ». Plus que jamais, nous devons suivre Jésus crucifié, qui est ressuscité. La mort du pape ne nous conduit pas tant vers une tombe qu'à une vie qui ne s'achève pas. Les chrétiens orthodoxes considèrent que mourir à Pâques est la mort la plus belle, déjà revêtue de la lumière de la résurrection.
Dans le silence de la mort résonnent les derniers gestes du pape. Tout d'abord, sa vie dépensée pour une Église du peuple, celle qui était rassemblée pour Pâques place Saint-Pierre et bien au-delà, dans le monde entier. Il a vécu pour un peuple sans frontières et le peuple de Dieu se souviendra de lui. Comment ne pas se souvenir de ses paroles, prononcées en pleine pandémie, tandis qu’il était seul sur la place Saint-Pierre, face à un peuple abattu, dispersé, malade ? Je me souviens aussi que, lors de la pandémie, il s'était montré ami de la science et de la médecine, et ne s’était pas laissé prendre par la superstition qui touchait divers cercles chrétiens.
Place Saint-Pierre, il avait dit : « Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs, des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.»
Le pape François a été un grand témoin de l'espérance chrétienne, surtout pour les plus pauvres, car il faut dire que ce pape a réalisé l'Église des pauvres, non pas celle de l'assistance aux pauvres, mais celle qui place les pauvres au centre. Ce n'est pas un hasard si sa dernière sortie du Vatican, tandis qu’il était déjà très malade, l’a conduit à rendre visite aux détenus de la prison romaine Regina Coeli, le Jeudi Saint, pour leur laver les pieds (symboliquement, parce qu'il n’était pas en mesure de le faire). Pape des migrants opposé à tous les murs, il a dénoncé depuis Lampedusa et Lesbos la mondialisation de l'indifférence. Pour cette raison, il a été peu aimé, sinon détesté ou moqué. Mais il nous a confortés dans son amour des pauvres et des périphéries.
François a senti que c'était l'heure de l'Église, le seul bateau qui puisse sauver le monde de l'inhumanité. Et immédiatement après son élection, il a invité son peuple à sortir : c'est l’exhortation d’Evangelii gaudium, le manifeste de son pontificat :
« L'Église "en sortie" est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l'initiative, qui s'impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui célèbrent. ‘Primerear - prendre l'initiative' : veuillez m'excuser pour ce néologisme. »
On pourrait dire tant de choses de lui, en cette heure où, comme les femmes qui s’étaient rendus au tombeau de Jésus, nous sommes saisis par la peur de l'avenir, la douleur liée à la mort du pape, mais aussi un moment où l'Évangile nous recommande d'être fidèles à une grande joie : celle que François a prêchée dès le début, celle de Pâques, celle de ceux qui ne sont pas dominés par la peur ni par le pessimisme. Le pape François vit dans son Seigneur et nous rendons grâce à Dieu pour les belles années passées avec lui, maître de la foi et de la vie, guide de l'espérance, ami des pauvres, communicateur de la joie de l'Évangile.
Pape François, priez pour nous !